Holà jeune bipède amateur de tocantes, merci de nous rejoindre pour cette nouvelle review.
Figure-toi qu’aujourd’hui nous allons tester un chronomètre quartz de chez Yema : la Yachtingraf Croisière Méca-Quartz. Une montre de régate ! Mais avant de t’en dire plus, place à une petite leçon d’histoire.

C’est dans les années 60 que les premières montres de régate sont apparues, leur fonction était des plus simples…
Qui a dit « de donner l’heure ? », allez deux heures de colle pour toi là-bas au fond de la classe !

Donc je disais, la principale fonction d’une montre de régate est d’afficher un compte à rebours de cinq minutes qui permet de placer son voilier pendant ce laps de temps afin qu’il ait la meilleure position pour le départ de la course.

De nombreuses marques se sont essayées aux montres de régate comme Enicar avec la S30 Yachting

Ou Tissot avec la Seastar

Mais c’est surtout Yema, qui en 1966, sort sa première montre de régate : la Yema Yachtingraf (ici avec mouvement Valjoux 7730).

La Yachtingraf a été déclinée en plusieurs versions, et l’une des plus emblématiques, est celle-ci avec un calibre 7733s, élaboré par Valjoux, spécialement pour Yema.

Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus, voici un article sur le modèle vintage et comprendre le fonctionnement du compte à rebours : https://leclubyema.com/index.php/2019/01/22/le-brevet-yema-yachtingraf/
Eric Tabarly en portait une aussi !

Une des versions les plus emblématiques était la Croisière, animée par un calibre Valjoux 72 :

Notez que la côte actuelle de ces vintages oscille entre 2500 et 5000€.
Puis dans les années 80, la Yachtingraf sort en version digitale ( quartz) :

Et en version analogique et digitale :

Plus récemment, en 2010, une version typée plongeuse au look assez particulier disposant même d’un bloc lunette comme sur une Superman, fut commercialisée. Elle s’appelait Yachting Sous-Marine :

Mais c’est en 2018, que deux versions intéressantes pointent le bout de leur trotteuse :


En 2021, une version bronze de ce chronographe mythique arrive sur la marché :

Et c’est lors de l’été 2023 que Yema nous fait une surprise de taille : le lancement de la Yachtingraf Maréographe avec un mouvement tourbillon pour 9 990 € TTC.

Cette rétrospective, qui n’est peut-être pas exhaustive, nous a permis de poser un peu le sujet de cette montre qui a marqué une époque et qui a été régulièrement rééditée et réinterprétée.
J’espère ne pas en avoir perdu certains avec ce cours d’histoire horlogère.
Allez, passons à la suite…

Mais alors pourquoi toute cette chronologie sur la montre ? Tout simplement car en juillet dernier, Yema a sorti une toute nouvelle Yachtingraf pour l’été 2024 !
A combien, allez-vous me demander ? 1 500 €, 3 000 €, 10 000 € ?

Pas du tout mes jeunes bougres ! Cette nouvelle Yachtingraf est à 369 € TTC !!!
La voici, enfin plutôt, les voici :

Cette nouvelle venue est vendue avec deux cadrans différents : un bleu et un blanc ! La classe à Dallas !

Non J.R, t’énerve pas ! Quand Yema sortira une Petrolgraf, on viendra te chercher !
Donc je vous disais, deux coloris disponibles pour cette montre : cadran bleu avec bracelet cuir bleu et cadran blanc et bracelet cuir blanc.

Elles sont belles, hein !? Mais vous trouvez pas qu’il y a un problème ?
Le bracelet peut-être ? Bah oui, il craint grave car raide comme la justice et pas super qualitatif. On ne va surtout pas en vouloir à Yema car la montre est vraiment pas chère.
Alors à la rédaction de Gros Calibres, on a réfléchi ! Oui je sais, ça nous arrive pas souvent…

Donc on s’est brainstormé le pois chiche et une idée nous est venue dans la tête, ça a fait « j’boom la dedans » !
Pourquoi ne pas associer un fabriquant de bracelets français qui serait connu dans l’univers de la voile ?
Nous n’avons pas eu à chercher bien loin ! Regardez cette photo :

En 2021, la marque Avel & Men s’était associée à Yema pour une collaboration sur la Superman GMT.
Alors, nous avions très envie de refaire cette collab à la sauce Gros Calibres en mariant la référence Port Louis et notre chronographe :

Et voici le résultat :




Nos bracelets sont à pompes rapides donc très facilement interchangeables.
C’est pas mal je trouve et cette collaboration improvisée par nos soins vous coûtera la somme de 503 € TTC.
Maintenant que tout a été posé, c’est parti pour la review de notre combo français !
Nous allons parcourir les points essentiels de la montre : boitier / fonds de montre / couronne, cadran / index / aiguilles / lume / verre et mouvement.
Puis nous ferons une aparté sur les bracelets et nous finirons avec une petite interview de Xavier et Agnès, les tauliers de Avel & Men.
Boitier / fonds de montre / couronne :
Cette tocante fait seulement 38.5 mm et son boitier poli-brossé, avec des cornes modernes, est clairement dans l’ère du temps. Yema ne s’est pas contenter de faire une réédition de Yachtingraf.

De plus l’absence de lunette externe, lui confère même un petit côté dress watch ! On adore !
La couronne est signée comme d’habitude du « Y » de Yema et les boutons poussoirs du chrono sont de type vintage. C’est impeccable.
Le fonds de montre vissé est embouti du blason historique de Morteau. S’il est moins précis que tu une Superman, le rendu est très qualitatif. Il permet une étanchéité de 100 mètres, pas mal !

Cadran / index / aiguilles / lume / verre :
Comme je le disais plus haut, cette Yachtingraf n’a pas de lunette externe et cela va magnifier son principal atout : son cadran très coloré.

Cette montre est une tri-compass ce qui veut dire 3 sous-compteurs comme sur les Yachtingraf Croisière des années 60.
En voici la composition :

Le cadran pour le départ de la course de régate qui fait office de compte à rebours

La petite seconde

Le sous-compteur de 24 heures qui est propre au mouvement, sur ce point, il ne sert à rien mais pas possible de s’en passer avec un VK 63.
Au moins, il a le mérite de rester dans le graphisme du modèle vintage.
Les index collés de belle dimension et les aiguilles « glaive » sont polis, ils participent à la modernisation de cette Croisière.
Le verre bombé est acrylique : c’est résistant, sans trop de reflets et ça donne un bon look vintage à la montre.

Attention, il peut se rayer facilement, mais ne vous inquiétez pas car un produit miracle vous permettra d’effacer les rayures :

Une ou deux gouttes de polyWatch sur le verre et vous frottez avec un coton : plus de rayures !
Question lume, la question va être très vite répondue, car il n’y a que les aiguilles qui ont bénéficié d’une couche de lume BGW9… Certes elles brillent parfaitement dans l’obscurité et, pendant assez longtemps, mais cela aurait été mieux d’appliquer un peu de matière luminescente sur les index.

Mouvement :
Le VK63 produit par Seiko est un mouvement intéressant à plus d’un titre. D’abord, il dispose d’une petite seconde à la différence de son grand frère, le VK64, qui en est dépourvu. Ensuite, le fonctionnement du chrono est identique à une montre mécanique : start/stop, remise à zéro et trotteuse fluide.
C’est assez bluffant ! Très bon choix de Yema.
Notre petite collab improvisée méritait de se pencher sur Avel and Men et nous nous sommes rapprochés de Xavier et Agnès Broise afin de s’enquérir de quelques information sur la marque…

Gros Calibres : Pourquoi avoir créé Avel & Men et pourquoi ce nom ?
Xavier : Nous avons créé Avel & Men en 2015. D’abord en voulant faire une gamme de maroquinerie généraliste : nous avions fait des petites séries de ceintures, de sac à dos, porte cartes etc… et une marmotte pour trois montres car je collectionnais déjà les montres et je m’étais déjà fait une marmotte pour moi. Finalement notre lancement fut plutôt un échec dans l’univers des concept store car notre créneau était de rappeler le monde du nautisme en travaillant sur les alliances de matériaux avec une look assez sobre et classique, le tout avec une fabrication 100% française dont un positionnement prix assez élevé. On avait donc un problème de positionnement et on avait pas un sou pour faire de la communication. Mais dans notre malheur, on a senti un marché de niche avec la marmotte qui se vendait assez bien et le ciblage des clients était plus simple pour un amateur de montres comme moi. De fil en aiguille, on a commencé à se spécialiser sur l’accessoire horloger.

Agnès : Pour le nom Avel & Men, il est le fruit de réflexions avec la famille et les amis. On voulait mettre le breton en avant et parler du nautisme. Avel signifie le vent en breton. Et pour Men, non ce n’était pas pour dire que c’est une collection pour homme, Men signifie la roche en breton. D’ailleurs de nombreuses balises ont « MEN » dans leur nom.

Xavier : D’ailleurs dans mon école de voile à Portsall, notre objectif était souvent d’aller virer la balise de Men ar Pic lors des cours du samedi après midi !
Gros Calibres : Qui fabrique et où sont fabriqués les bracelets ?
Xavier : Agnès est en charge du suivi de la production et moi je me focalise sur la communication. Agnès a une formation de design d’intérieur et c’est elle qui lance les idées de design. Ensuite elle travaille avec un prototypiste (d’un atelier ou un prototypiste indépendant) pour valider un modèle puis on a plusieurs ateliers qui fabriquent nos petites séries.

Agnès : Les ateliers ne sont malheureusement pas en Bretagne car nous n’en avons pas trouvé pour répondre à nos besoins, mais ils sont tous en France : en région parisienne, dans l’est et dans la Creuse. Certains fabricants ont des petites unités de production en France pour les plus beaux bracelets et le sur-mesure mais font des plus grandes séries en dehors de l’Europe. Nous pouvons garantir à nos clients que nos bracelets sont tous fabriqués à 100% en France.

Xavier : Et tout Avel & Men est 100% made in France : graphiste breton, agence web bretonne, doublure en coton normande, on fait tout en local.
Gros Calibres : Comment le choix des matières est venu ?
Xavier : On s’était dit que nous ne ferions jamais de bracelets car ce marché nous semblait être trop concurrentiel. C’était une erreur d’analyse de notre part : il y a des concurrents mais le marché des bracelets et bien plus gros que celui des marmottes ! Un jour j’ai récupéré 3 types de tissus dans une voilerie : un tramé kevlar, un toile carbone et un toile tempête. On a fait des protos et on a adoré le résultat, alors on s’est lancés.

Agnès : Par ailleurs je vais tous les ans sur le salon première vision pour découvrir les matières. J’ai découvert le seaqual quelques temps après et on a adoré l’histoire (une toile faite à partir des déchets plastiques des océans). On s’est lancés, et le look plus sobre de ces bracelets ainsi que la large gamme de couleurs fait que cette toile est devenue notre best seller.
Agnès : Oui les Port Louis résistent à l’eau (mais ne sont pas étanches : l’eau peut s’infiltrer) : on peut se baigner avec et on recommande ensuite de les rincer à l’eau douce et les faire sécher à l’abris du soleil. Plusieurs méthodes ont été testées pour les nettoyer, y compris un tuto super sympa sur le groupe HF : de notre côté on nettoie simplement à l’eau tiède et savon de marseille.
Gros Calibres : Avez-vous un lien particulier avec Yema ?
Xavier : En bon collectionneur, j’ai passé pas mal d’heures à lire Forum à Montres et à regarder les annonces sur le CDA ! Et en passionné de montre et de régate, j’ai rapidement eu un coup de cœur pour la Yema yachtingraf, puis la Superman… Du coup forcément on a fait du 19 pour mes montres, je faisais pas mal de photos avec ces montres, donc de fil en aiguille on s’est rapprochés des passionnés de Yema puis de la marque. On a fait une collab avec Yema lors du lancement de notre Larmor Plage en seaqual avec le lancement de la Superman héritage GMT…. Aujourd’hui on les croise régulièrement sur les salons et on espère bien refaire quelque chose avec cette belle manufacture !
Gros Calibres : Merci mille fois chers Agnès et Xavier de vous être prêtés au jeu de cette petite collab improvisée par nos soins.
Une montre française et des bracelets de qualité et qui plus est, engagés, c’est un combo vraiment gagnant !
De plus, Avel & Men soigne énormément son packaging : les petites pochettes abritant les bracelets sont très cool.




Voilà mes p’tits foies de veau, à plus ou moins 500 € le combo, je ne peux que vous le recommander.
Comme quoi Yema ne fait pas que de la Superman automatique à plus de 1 000 € et propose aussi des montre abordables à l’ADN de la marque.
Pour moi, ça vaut 16/20 !
Voici les liens habituels vers la montre et les bracelets :
https://www.avel-and-men.com/fr/18-bracelets-montre-toile
Mike
Crédit photos : Matthieu


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