GROS CALIBRES, LE BLOG HORLOGER PAS TOUJOURS À L’HEURE.

Tour d’horizon Humbert Droz + revues HD6.1 et HD8 Héméra (par Ryo Saeba (administrateur groupe Facebook Horlogerie Francophone)

Published by

on

1 – L’histoire

“Humbert-Droz” est le nom de famille d’une dynastie d’horlogers français qui officie depuis 1956 à BESANÇON mais la marque de montres Humbert-Droz est beaucoup plus récente: 2016.

Marcel Humbert-Droz, alors proche collaborateur de Fred Lip, fonde Réparalux en 1956 directement dans les ateliers ultra modernes pour l’époque de Lip à BESANÇON. Lip est alors le premier horloger de France. Réparalux assure l’assemblage et le SAV des montres, en plus d’une expertise sur la conception, activités encore d’actualité aujourd’hui. 

En 1968, c’est son fils Jean Humbert-Droz qui lui succède à la tête de Réparalux. Il maintient la croissance pour atteindre aux grandes heures de l’horlogerie comtoise un atelier de 80 horlogers, produisant plus de 1000 montres par jour pour différentes marques françaises.

Face à la crise du quartz, Jean Humbert-Droz choisit de développer une activité d’entretien et de réparation des montres mécaniques haut de gamme en obtenant un à un les agréments pour accomplir le SAV des plus grandes marques horlogères.

Frédéric, le fils de Jean Humbert-Droz, rejoint à son tour l’entreprise. Il aide son père les premières années en assumant la relation commerciale avec les réseaux de revendeurs sur le territoire Français. En 1995, il devient le dirigeant de Réparalux alors que Jean exerce sa passion horlogère dans l’atelier. Frédéric est peut-être plus dirigeant d’entreprise qu’horloger, mais les années 90-2000 n’ont pas été tendres pour l’horlogerie, surtout française. Survivre à la crise du quartz puis à la vampirisation Suisse n’a pas été une mince affaire.

C’est Julien Humbert-Droz qui va prendre la suite en 2013. Formé à MORTEAU et diplômé en 2012, Julien exerce aux côtés de son grand-père Jean. La succession s’est donc faite rapidement après la sortie d’école. Le grand bain. Trois générations sont présentes dans les murs. Réparalux assemble et répare les montres d’une soixantaine de marques, dont certaines sont parmi les plus prestigieuses.

Julien mène en parallèle le projet de création de la marque Humbert-Droz. Comme il m’a dit lorsque nous nous sommes croisés au salon WeLoveWatches, au début c’était une activité accessoire, presque du loisirs.

Récemment, au vu du succès de la jeune marque, il a été décidé d’y consacrer les efforts qu’elle mérite pour la mettre en avant.

2 – Les modèles

Ce n’est que récemment que les noms des montres sont associés à un peu de storytelling, au début, c’était HD1, HD2 et HD3. Je me demande ce que veut dire HD. (O.D.I.L, mais qu’a-t-il voulu dire?)

HD1: Le design identitaire de la marque. Un coussin sportif et viril avec un protège couronne amovible et proéminent. On n’est pas dans la finesse là ^^. Elle fait 47mm de diamètre (ou 44mm, les deux informations sont présentes sur le site Humbert Droz) et pour 890 euros elle embarque un ETA 2824-2

HD2: Sortie en 2016 aussi, il s’agissait d’un Quartz à 199 euros sur une montre habillée mais en 43mm. Elle n’est plus produite.

HD3: Il s’agit aussi d’une HD2, encore en 43mm, qui embarquait un France Ebauche vintage et remis à neuf pour 349 euros. Elle n’est plus produite non plus.

HD4: Celle là j’aime beaucoup. Dommage qu’elle ne soit plus produite. Un revival des années 70 avec affichage par fenêtres. 35mm de diamètre c’est cool mais 15mm d’épaisseur ça fait beaucoup je trouve (même si je n’ai pas eu la chance d’en essayer une). Elle coûtait 649 euros.

HD5: Sortie de collection elle aussi. On arrive avec un peu plus de sophistication. Montre habillée de 39mm de diamètre et 22mm d’entrecorne et qui embarquait un ETA 2824-2 top grade pour 449 euros !

HD6: C’est un chronographe de forme coussin élégant à 3 sous cadrans. Classique et efficace. Je vais plus vous parler de l’itération actuelle: la HD6.1 que j’ai en test.

HD7: Chronographe qui reprend la base du boîtier de la HD1 mais sans protège couronne amovible. 47mm de diamètre et mouvement ETA pour 1290 euros.

HD8: Je me souviens de mon coup de cœur pour la première HD8 au cadran superbement texturé couleur champagne (la HDM).

Elle embarquait un France Ebauche remis à neuf mais aujourd’hui, les coloris et le boîtier ont changé et c’est un G100 qui l’anime pour 1090 euros. Il y a plusieurs cadrans aussi. On avait fait gagner une HD8 vésuve sur HF. Elles ont des noms de volcans (sauf pour la “Mont Blanc”).

Il y a aussi deux déclinaisons à destination féminine (aux noms de déesses grecques) et Pikess en a eu une en test.

HD9: La plongeuse classique. En 42mm hors couronne, elle embarque un G100 pour 1390 euros. Les versions reprennent les noms des océans.

A noter qu’elle existe actuellement en version Deep Pro en édition limitée 100 exemplaires pour 980 euros. Cette série limitée a des aiguilles Mercedes qui montrent le désir d’aller vers un design encore plus “classique”.

HD10: C’est une HD1 avec un zéro en plus, coussin viril avec protège couronne amovible. Elle est à 1090 euros avec le mouvement G1A0 LAJOUX PERRET assemblé par Humbert Droz. Il s’agit du G100 à cœur ouvert. C’est la montre de l’ambassadeur de la marque: François Xavier Demaison. Les déclinaisons ont le nom de monuments de la région de BESANÇON.

HD11: Encore une HD1 mais avec le G100 classique pour 950 euros. Les déclinaisons sont nommées selon les mois du calendrier révolutionnaire. 

A noter une série spéciale avec l’artiste anglais Paul KENTON où chaque cadran est unique. En gris sur noir pour “Time captured in the city” et en rouge sur noir pour “l’Amour est un voyage”.

HD Lou: Modèle féminin de 29mm de diamètre (enfin!) au mouvement France Ebauche manuel FE163 pour 699 euros. Les déclinaisons sont nommées par des titres de noblesse féminins. Le design s’inspire de la HD1.

HD Réa: Chronographe Quartz avec un boîtier rappelant celui de la HD1 qui conserve le protège-couronne amovible. Elle coûte 390 euros. Les déclinaisons sont nommées d’après Harry Potter.

3 – revue chronographe HD6.1

J’ai eu en essai la HD6.1 et j’ai choisi la version qui me plaisait le plus: la panda. Cadran blanc/argent avec sous compteurs noirs.

Cette montre confirme encore les impressions que j’ai eues avec chaque HUMBERT DROZ que j’ai eu entre mes mains: sacré contraste de rendu et qualité perçue entre les photos et le réel. A savoir que l’atelier HUMBERT DROZ assemble des montres de très bonnes factures, souvent des marques françaises mais pas que. Pour leurs propres modèles, la qualité est au taquet.

Cette HD6.1 est belle sous toutes les coutures. Le design est classique dans le sens originel du terme: qui peut être étudié en classe. C’est pas révolutionnaire mais ça en jette quand même. J’aurais un seul reproche: les aiguilles pas très visibles quand elles passent devant les sous compteurs. Un brin de luminova au milieu aurait fait perdre en élégance mais gagner en lisibilité.

Elle fait 41mm de diamètre, HUMBERT DROZ ne fait pas vraiment de petite montre, mais ça passe car le corne à corne est de 46mm. Cette longueur contenue permet de mettre en avant le beau bracelet en vrai alligator de 22mm de large.

Personnellement j’apprécie énormément la porter. L’épaisseur de 14mm lui donne une allure imposante mais c’est normal pour un chronographe automatique.

Ce mouvement, d’ailleurs, est le L100 avec 61 heures de réserve de marche. Vous savez sûrement que HUMBERT DROZ a un partenariat avec LAJOUX-PERRET pour l’assemblage des mouvements qui deviennent alors un peu plus français. HUMBERT DROZ montre son expertise en assemblant ce chronographe complètement décoré, jusqu’à la roue à colonne bleuie.

La boite-écrin, pour finir, est vraiment magnifique. La vitre au-dessus est une super idée et le double étage permet une utilité supplémentaire.

Il y a 4 versions, la panda que je vous montre, un cadran bleu avec sous cadrans noirs, un cadran tout noir et un cadran noir avec deux sous cadrans cerclés de jaune. Il n’y a que 25 exemplaires par version à 2889 euros chacun.

4 – revue HD8 Héméra

La HD8 coeur ouvert est à destination féminine. Toutefois, autant rentrer dans le vif du sujet, elle n’a pas pu être portée par Pikess Du car elle ne lui allait pas au poignet. La montre fait 39mm de diamètre pour 47mm de longueur. Même si l’épaisseur n’est que de 10,6mm, les dimensions ne sont pas adaptées à un petit poignet feminin (14,5mm pour Pikess Du). Ça déborde et c’est pas confortable.

Sinon la montre en elle même est vraiment belle et tout aussi bien finie que les autres HUMBERT DROZ. Le cadran est couleur or rose mais rappelle le motif et le coloris de la première HD8 qui m’avait fait rêver.

Le mouvement est un G100 à coeur ouvert en finition top. Si vous voulez un coeur ouvert qui respire la qualité, c’est là qu’il faut aller.

Ce serait bien que HUMBERT DROZ étende son emboitage au D100 qui est plus petit (23mm de diamètre au lieu des 26mm du G100) pour faire des montres de 36mm ou moins.

Un petit mot sur l’effet d’optique sur les cornes. Quand on regarde la montre, on dirait qu’elles sont plus larges en bout de corne qu’à la base. En fait non, leurs flancs sont strictement parallèles. Celà ajoute de l’originalité mais au détriment de la fluidité du design.

Elle est limitée à 400 exemplaires à 1090 euros et existe aussi avec le cadran blanc.

5 – Mon avis

Humbert-Droz est une marque que j’apprécie beaucoup pour sa qualité irréprochable, voire époustouflante. Julien est quelqu’un de très gentil et on a l’impression de discuter avec le berger sur sa montagne. D’un abord réservé, il s’ouvre quand on lui parle de sa montagne: les montres.

Cette marque n’était qu’un passe temps au départ mais le succès est au rendez vous. Ça devient sérieux à présent et les HD(x) sont une vitrine de ce que l’atelier HUMBERT DROZ sait faire. Pas le droit à l’erreur pour l’image de marque. Vous pouvez donc y aller en toute confiance si la fiabilité est votre premier critère.

En ce qui concerne le design, il est de manière général brut, que ce soit dans le classique (HD6, HD8, HD9) ou dans l’originalité (HD1, HD7, HD10, HD11). Pour mon propre goût, je trouve que ça manque de courbes et d’un petit truc en plus que savent trouver les grands designers. A mon sens, ça montre qu’une qualité de fabrication irréprochable peut donner de l’âme à une montre. Je préfère une HUMBERT-DROZ solide dans tous les sens du terme plutôt qu’un design « dans l’air du temps » made in china. Autre point, il n’y a pas d’effet woaw sur le design. C’est la qualité perçue qui fait cet effet mais pas la forme en elle-même. De cette manière, je constate qu’il y a moins de lassitude et un attachement grandissant avec le temps.

La HD6.1 est finalement celle qui a le design le plus gracieux. Elle a quelque chose en plus de ce côté qui me plaît énormément.

Autre point que je me permets de remarquer est le logo. C’est un cercle avec des aiguilles à 10h10. Pour Réparalux, je trouve le logo parfait mais pas pour la marque de montres. Il vient justement d’évoluer. On peut le voir sur la HD9 Deep Pro.

J’espère que ce petit tour d’horizon de la marque Humbert-Droz vous aura plu.

PS: J’avais demandé à Julien Humbert Droz si il pouvait faire une estimation de l’application des lunettes à complication interchangeable (pour ceux qui suivent😉 ). Je n’ai pas encore de retour de sa part mais forcément, fait dans ses ateliers le budget sera forcément au-dessus des 1000 euros que vous aviez demandé. Ca fera toujours avancer le projet de montre HF en nous mettant face à la réalité de ce qui est faisable.

Laisser un commentaire