Il y a des montres que l’on attend, surtout quand elles sont issues de l’histoire d’une maison horlogère que l’on connait particulièrement, et il y a les surprises !
La Granvelle de Yema a été une surprise pour moi et clairement mon coup de cœur 2025. Une montre au design inédit qui démontre le savoir-faire de Yema et leur volonté d’avancer, de prendre des risques tout en valorisant au
maximum leurs calibres manufactures, développés, usinés et assemblés dans leur atelier à Morteau.
Un coup de cœur car ce design est réussi, cohérent et qu’il fait écho de bien des façons à l’histoire de Yema. C’est parti pour un passage en revue complet de cette sortie 2025 où le fil conducteur du design se résume à un mot, asymétrie.

J’allais oublier, il ne s’agit pas d’un prototype ou d’un prêt mais de ma montre. Mon avis est donc forcément un peu subjectif mais j’ai essayé de rester objectif😉
Granvelle, d’où provient ce nom ?
Cette montre tire son nom du palais Granvelle qui est un édifice Renaissance du XVIe siècle, situé au cœur de Besançon, dans le Doubs (Franche-Comté). Il abrite aujourd’hui le musée du Temps, dédié à l’histoire de la ville et à son lien intime avec la mesure du temps.

Si aujourd’hui Yema est identifié à la ville de Morteau, cette marque est née en 1948 à Besançon, créée par Louis Belmont. Yema renoue ainsi au travers de ce choix avec ses origines horlogères bisontines
Le design : Granvelle et asymétrie
Le design est inspiré des arches du Palais Granvelle à Besançon. Cette forme atypique pour des arches se retrouve dans la forme du boitier, ni carré, ni rond mais également dans la forme du sous compteur petite seconde. Le palais Granvelle permet à Yema de se reconnecter avec ses origines et d’ouvrir une nouvelle voie en termes de design par rapport à leurs habitudes. Une prise de risque intéressante proposant de nombreux détails que nous allons développer. A cette inspiration s’ajoute une volonté manifeste de jouer au maximum sur l’asymétrie dans le design de nombreux éléments.

Analyse de l’ensemble :
Le boitier :
Le boitier reprend la forme des arches du palais, ni carré ni rond. C’est un design assez atypique pour un boitier. Conçu en acier inoxydable brossé, il se distingue par ses flancs polis striés et des chanfreins brillants qui captent la lumière. Personnellement j’y vois le clin d’œil aux multiples piliers supportant les arches du palais Granvelle.


Avec un profil très fin de seulement 8,60 mm, se posant parfaitement sur le poignet grâce à l’utilisation du calibre manufacture CMM20, c’est un boitier qui offre un grand confort au poignet. C’est élégant et on est clairement dans les montres habillées, ce qui est nouveau pour Yema qui cherche visiblement en sortant de sa zone de confort à capter une nouvelle clientèle et/ou à surprendre sa clientèle.
La lunette brossée de ce boitier est vraiment du plus bel effet mais attention aux rayures même si ce n’est sans doute pas avec cette montre que l’on jouera les aventuriers.


Yema soigne les détails sur cette montre. La couronne par exemple en en forme de coussin signée du « Y » historique de Yema. Habituellement ronde, la couronne est ici à l’image du boitier ni carré, ni ronde. La couronne n’est pas vissée, ce qui est cohérent pour une montre habillée. Les plus maniaques pourront donc avoir la couronne bien alignée avec le Y vertical.


Le cadran :
Le cadran de cette Granvelle est très travaillé. Le guillochage est complexe et parfaitement exécuté. Il permet au cadran de capter la lumière avec un motif concentrique partant de la petite seconde. C’est assez hypnotique et on se surprend à jouer souvent avec la lumière.

Ce jeu avec la lumière permet de voir une rupture dans le guillochage passant par le centre de la petite seconde. C’est très bien vu et là encore parfaitement exécuté.

Le sous cadran petite seconde, qui est clairement le centre du cadran est cerclé par un contour argenté brossé très réussi gradué. Je trouve sa taille parfaite au regard de l’équilibre qu’il amène dans ce cadran. Je sais que certaines personnes auraient aimé qu’il soit un peu plus grand, je vous laisse vous faire votre avis.

Les aiguilles dauphines vont avec le style habillé de la montre. Elles sont fines et facettées ce qui leur confère, comme pour le cadran une capacité à interagir avec la lumière. Elles passent de l’argent à la couleur noire selon l’angle de la lumière.

Le logo et le nom de la marque sont bien intégrés. Cela reste discret. Un bémol me concernant sur la présence de la mention « MICRO-ROTOR ». C’était à mes yeux dispensable ou alors il aurait fallu l’intégrer plus bas, en plus petit.

Le rehaut des index encadre le cadran tout en le mettant en valeur. Les index sont gravés à même le métal. Ils inversent le relief pour jouer avec l’ombre et la lumière ce qui fonctionne parfaitement. En les regardant, on n’est souvent convaincu qu’ils sont en surépaisseur alors qu’ils sont bien gravés. Interaction avec la lumière, quel que soit l’angle comme pour le cadran.


Le chemin de fer permet de faire la transition entre ce rehaut proéminent et le cadran. Très fin et en surépaisseur, il est précis et tombe parfaitement avec les index.

Au final, c’est pour moi un cadran cohérent, équilibré qui dénote des productions habituelles de Yema et dans le paysage horloger actuel. C’est élégant, sans tomber dans la surcharge ou le superflu. Sans doute le cadran le plus travaillé de Yema depuis longtemps. Et même à l’objectif macro au rapport 1 :1, aucun défaut dans le guillochage ou l’exécution des différents éléments le constituant, bravo !
Le calibre :
Pour une montre habillée, on cherche évidemment sur une automatique à réduire autant que possible l’épaisseur. Le calibre manufacture micro-rotor CMM20 était tout indiqué. Il permet de réduire la montre à une épaisseur de 8.60mm. L’architecture du CMM20 est désormais bien connue. C’est un calibre élégant qui est livré ici avec un soleillage superbe partant de la masse du micro rotor. A mes yeux la plus belle finition du micro rotor à ce jour. A noter que pour les plus observateurs, on distingue désormais un perçage supplémentaire sur le pont situé à gauche du spiral, 4 trous alignés au lieu de 3. Il correspond à la configuration petite seconde, soit à la configuration d’origine du CMM20. Nous avons connu la première montre équipée de ce calibre (la wristmaster slim du kick starter) avec une seconde centrale, mais il s’agissait d’une seconde déportée. Voici pour la première fois donc le CMM20 dans son architecture d’origine.

Le bracelet :
Yema poursuit sa montée en qualité pour ses bracelets. Le cuir est ici d’excellente qualité et proposé en 2 longueurs pour que chacun adapte au mieux la montre à son poignet. La boucle déployante est confortable et de belle facture.
Un bémol à mes yeux, le cuir est qualitatif pour un cuir d’origine, mais la couleur n’est pas la plus adaptée au modèle. J’ai comme à mon habitude opté pour un cuir sur mesure Xamlam permettant de reprendre la boucle Yema. Choix me concernant pour un cuir taupe, coutures grises et cirage des tranches couleur cadran. Cela met bien mieux en valeur le cadran. Yema a encore un peu de travail sur le choix des couleurs des cuirs. En tout cas, agréable de voir la prise en compte des avis clients qui demandaient des cuirs de meilleure qualité, c’est clairement le cas.
CONCLUSION
Yema a pris clairement un risque assumé avec cette nouvelle création qui les place loin de leur zone de confort et certains diront de leur « ADN ». C’est pour moi une superbe montre, au design complexe, travaillé, équilibré et parfaitement exécuté. Dans mes bémols, un bracelet mal assorti à la montre et une écriture « micro rotor » dispensable. Clairement mon coup de cœur 2025. Hâte de voir ce que Yema pourrait amener dans une nouvelle version. Il y a sans doute d’autres sources d’inspiration en restant sur le palais Granvelle. En tout cas, cette nouvelle collection mérite d’avoir du succès et une suite. Enfin Yema démontre que le passage en manufacture a permis de les libérer d’un point de vue design en s’écartant des collections habituelles et en montant nettement en qualité et précision de réalisation. On n’est quand même pas loin du sans faute à mes yeux











Jérémie


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