Par Ryo Saeba du groupe Facebook Horlogerie Francophone

1 – Présentation de la Superman :

En ce qui concerne les Yema Superman vintages, je ne peux que vous recommander la lecture de cet article avant de poursuivre :

https://leclubyema.com/index.php/2018/05/04/chronologie-des-superman/

Yema sort la 1ere Superman en 1968 (ou 1963 selon la légende) et déjà les bases sont posées : 39mm de diamètre, entrecorne de 19mm, étanche à 300m. Il y a eu ensuite plusieurs boitiers différents, y compris dans les mêmes références avec plusieurs épaisseurs entre 10,5mm et 11,5mm. Ces boitiers avaient des caractéristiques qui rendaient la Superman reconnaissable : cornes droites et longues, cornes percées, verre bombé et surtout le bloque-lunette breveté.

Au fil des années, plusieurs tentatives de moderniser cette Superman ont été produites.

A la fin des années 90 (1988), lorsque Yema a appartenu au groupe Hattori (Seiko), la première modernisation de la Superman est sortie sous le nom de Superman II.

Toujours en 39mm de diamètre et 19mm d’entrecorne. Son épaisseur était de 10,6mm malgré un profil plus mastoc. Cette version n’a pas réussi à résoudre les inconvénients de la Superman originelle malgré des cornes plus épaisses pour réduire l’espace entre le poignet et le bracelet au niveau des cornes. Elle a même ajouté un défaut de taille : le verre plat faisait du bloque lunette la partie la plus haute de la montre et il s’accrochait dans les tissus au point de le tordre.

En 2004, Yema est racheté aux japonais par des collaborateurs français et devient « Yema Maison Horlogère Française 1948 ». Cette aventure se termine en 2008 à la suite de la faillite d’un partenaire chinois. La marque est rachetée en 2009 par le groupe AMBRE, qui la détient encore aujourd’hui. Son but initial était de « rééditer des modèles vintage » (Selon le PDG de AMBRE (Pascal BOLE) en 2009). C’est en 2017 que le nom Superman est ressuscité !

C’est l’aventure « Superman », et notamment au niveau des boitiers, depuis l’avènement du groupe AMBRE à la tête de Yema que nous allons analyser.

2 – Pourquoi se focaliser sur le boitier ?

Tout d’abord car le boitier de la superman est la partie la plus identitaire de cette montre, l’élément qui a le moins de variations existantes (comparé aux multiples cadrans , aiguilles, etc.)

J’ai trouvé pourquoi la Superman s’appelle « Superman » ! Quand on regarde le boitier de profil, on dirait qu’il vole au-dessus du poignet grâce aux cornes longues et droites. Dans la suite de ma démonstration, ces cornes sont désignées comme « volantes ».

Vue du profil d’une Superman 500 sur mon poignet de 17cm de tour.

A noter que pour toutes les photos sur poignet qui vont suivre, elles le seront sur le mien.

En général, on se focalise sur le cadran mais ce qui fait la différence entre une montre bien conçue et une montre qui fait « cheap », c’est le boitier. Le vrai travail d’un designer talentueux se trouve sur cet élément. Et ce travail s’apprécie au poignet ! L’ergonomie universelle recherchée n’est pas une mince affaire.

Le boitier originel de la Superman est très esthétique, les proportions sont harmonieuses. Ce boitier a grandement participé au succès de la montre. Toutefois n’allez pas croire que les Yema vintages ont toutes le même boitier. Il y en a eu plusieurs et parfois parmi les mêmes références. Les différences sont essentiellement de légères variations d’épaisseur ou de longueur ou de profil de cornes (mais toutes les cornes des vintages sont « volantes »).

D’ailleurs la Yema Superman héritage de 2018 s’est basée sur une 530016 (une des références des Yema Superman vintage) du milieu des années 80.

Photos par Yema Batilou (auteur de l’article sur la chronologie des Superman cité en tout début)

Le marché de l’horlogerie évoluant, les exigences des clients avec, il a semblé nécessaire d’améliorer ce boitier tout en conservant ce qui fait son charme et son identité. Ce défi relevé par Yema m’intéresse d’autant plus qu’il s’agit d’une montre iconique faisant partie du patrimoine de l’horlogerie française.

3 – Grandes lignes de l’évolution des boitiers Superman depuis 2017.

Vue de perspective de l’ensemble des boitiers qui font l’objet de l’analyse qui va suivre tout au long de cette série de posts.

Le premier essai de Superman moderne du groupe AMBRE est la Superman sortie en février 2017 (visible en bleue au premier plan sur l’image ci-dessus). Elle n’a pas de nom particulier pour le public. Il s’agit d’un boitier inédit, laissant le maximum de place au cadran grâce à sa lunette très fine. Ces Superman 2017 n’ont pas enthousiasmé les passionnés malgré un mouvement automatique MBP1000 conçu par le groupe AMBRE. En cause les proportions particulières qui rendent un visuel totalement différent d’une Superman vintage (et des finitions d’un niveau bien inférieur à ce qui sera proposé ultérieurement).

Christopher BOLE (à droite) avec son père Pascal BOLE (à gauche)

Au même moment, la famille BOLE, qui est à la tête du groupe AMBRE voit la dernière génération prendre des responsabilités avec Christopher BOLE (qui a 24 ans en 2017) et apporter une meilleure compréhension des attentes d’un public bien plus connecté. En 2018 sort la Yema Superman Heritage, reprenant exactement le boitier d’une 530016 du milieu des années 80 (un des boitiers pour être précis puisque comme dit précédemment les boitiers des vintages ne sont pas tous les mêmes, y compris au sein de références identiques). Le succès est immédiatement au rendez-vous. Jusqu’en 2022 le boitier ne change pas foncièrement. Seules des finitions différentes sont proposées (brossé au lieu de poli, PVD noir, pour emboiter un mouvement ETA 2824-2 puis un Yema2000, ou des mouvements GMT donc plus épais…).

En 2022, révolution pour ce boitier : il n’est plus produit en Chine mais en Suisse par Werthanor (les fournisseurs sont à présent cités) et le prix n’explose pas pour autant. Doit-on y voir un lien avec l’arrivée de Christopher BOLE à la tête du groupe AMBRE au mois d’aout 2022 ?

Le boitier est quasiment identique à la Superman Héritage mais pour attester d’une qualité de fabrication améliorée, l’étanchéité passe à 500m. C’est la Superman 500.

Toutes les bases sont là pour aller plus loin : une équipe de conception expérimentée, des ventes qui assurent une stabilité économique et un fournisseur fiable et à proximité (indispensable pour une meilleure communication lors de nouveaux projets) et des nouveaux mouvements manufacture à mettre en avant. L’évolution de la Superman peut être sérieusement mise sur la table. Toutefois pas question de faire une Superman 3, il s’agit de faire évoluer le boitier par petite touches sans dénaturer l’esthétique générale et reconnaissable de la Superman.

C’est alors qu’en 2024 il y a eu deux réelles évolutions tentant d’améliorer l’ergonomie de ces cornes « volantes » :

• La Superman acier qui embarque le CMM.10 (3 aiguilles) qui voit ses cornes raccourcir d’1mm
• La Superman qui embarque le CMM.20, affinée (grâce au mouvement micro-rotor), avec des cornes plongeantes au lieu de droites (premières cornes de Superman qui ne sont pas « volantes »)

4 – les mesures que j’ai prises

Illustration des mesures de profil :

• Epaisseur (sans le verre bombé ni le bloque lunette ; posée sur un plan horizontal, on mesure la hauteur à laquelle arrive la partie la plus haute de la lunette)
• Epaisseur des cornes (sur les Superman, il suffit de mesurer l’épaisseur de la partie qui relie les cornes sur le côté du boitier).
• Distance entre le plan et le perçage (montre posée sur un plan horizontal)
• Distance entre le plan et le point le plus bas de la corne
• Distance entre le perçage et le bout des cornes (mesure prise au centre du perçage jusqu’au bout de la corne)

Illustration des mesures de face :

• Largeur de la lunette (l’insert et le crantage du côté de la lunette compris)
• Entrecorne (espace entre deux cornes au niveau du bracelet)
• Ouverture de cadran (mesure entre les bords intérieurs de la lunette)
• Diamètre (mesuré sans la couronne, sur l’axe 10h/4h )
• Longueur (d’un bout à l’autre des cornes dans le sens de la longueur)

Illustration de la dernière mesure que je n’ai pas réussi à illustrer sur les images précédentes :

• Distance entre la pompe et le boitier (mesure entre le centre d’une pompe montée sans bracelet jusqu’au point le plus proche du diamètre du boitier)

Ce sont mes propres mesures avec une précision relative à mon acuité visuelle. J’utilise simplement une règle graduée à 0,5mm ou un pied à coulisse selon ce qui est le plus commode. Les chiffres sont arrondis à 0,25mm près.

	Superman 2017	Superman Héritage	Superman 500	Superman Gilt	Superman Slim
Diamètre	40mm	39mm	39mm	39mm	39mm
Longueur	49,5mm	48mm	48mm	47mm	48mm
Epaisseur (sans le verre bombé)	12mm	10,75mm	11,25mm	11,5mm	10mm
Entrecorne	20mm	19mm	19mm	19mm	20mm
Epaisseur des cornes	4mm	3,25mm	3,5mm	3,25mm	3,25mm
Distance entre le perçage et le bout des cornes	3mm	1,5mm	1,5mm	1mm	1,5mm
Distance entre le plan et le perçage	4,5mm	3,5mm	3,75mm	4mm	2mm
Distance entre le plan et le point le plus bas de la corne	1,5mm	1,75mm	1,75mm	1,75mm	0,75mm
Distance entre la pompe et le boitier	1,75mm	3,5mm	3,5mm	3,5mm	3mm
Largeur de la lunette	3mm	3,5mm	3,5mm	3,5mm	3,5mm
Ouverture de cadran	33mm	31mm	31mm	31mm	31mm

Il faut avoir à l’esprit l’importance d’un millimètre sur le design d’une montre. Si les différences de mesures ne vous semblent pas significatives, regardez ce qu’elles impliquent entre le design de la Superman 2017 et celui de la Superman Héritage ! Côte à côte et d’autant plus au poignet, elles n’ont rien à voir.

5 – La Superman 2017

Elle a un diamètre de 40mm mais visuellement encore plus grande encore grâce à son ouverture de cadran maximisée (lunette plus fine, diamètre plus grand, réhaut). Il y a 8 ans, la taille standard des montres était plutôt de 42mm, la mode était aux grandes montres. Cette ouverture de cadran permettait de rester proche des dimensions originales tout en étant d’actualité.

Cette Superman pourrait effectivement être appelée Superman 3. Elle tente de reprendre là où la Superman 2 était restée avec son verre plat et son intention de paraitre gonflée par des cornes plus épaisses et des index très larges.

La superman 2017 est à gauche et pour la comparaison à droite il s’agit de la Superman Héritage reprenant les dimensions originales.

Les dimensions sont uniques dans l’histoire des Superman. Le plus impressionnant reste la finesse de la lunette. Effet encore accentué par un rehaut vertical qui laisse le cadran prendre toute la place sous le verre.

Point à noter : la prise en compte du gap entre le bracelet et le boitier. Pour y palier, le perçage des cornes est reculé vers le boitier.

Regardez l’écart entre le boitier et le bracelet comparé à la Superman 500 à droite.

Le succès de cette montre est mitigé. Très clivante par son design, elle divise encore aujourd’hui ; ses finitions médiocres n’ont pas fait pencher la balance de la subjectivité en sa faveur.

Son prix était de 749 euros à sa sortie sur bracelet acier.

Question à Christopher BOLE : As-tu participé à sa conception ? Vous êtes partis d’un mix entre la Superman et la Superman 2 on dirait.

Réponse : L’objectif était d’abord de créer une Superman un peu plus moderne. Donc oui, c’était en quelque sorte une évolution de la Superman 2. Après, c’étaient aussi nos débuts, et c’est toujours très compliqué de savoir dans quelle direction aller. Ce sont les retours sur cette Superman qui nous ont ensuite conduits à vouloir développer la version Héritage.

6 – la Superman Héritage 2018

La marque Yema a toujours eu dans son sillon des passionnés. Le groupe AMBRE a été à l’écoute des différentes communautés de fans de Yema, et notamment les afficionados des Yema vintage. En 2018 sort la Yema Superman Héritage. Le boitier reprend au plus proche le boitier de la 530016 du milieu des années 80.

Dans une intention de partir sur de bonnes bases, on retourne justement à la base. Et plutôt que d’y mettre le MBP1000, c’est l’ETA2824-2 qui y est emboité.

En tout cas les qualités esthétiques des vintages sont présentes, mais les défauts aussi. Toujours ces cornes « volantes » notamment.

Le fond de cette Superman Héritage a vécu mais on peut y lire qu’il y a un ETA 2824-2 finition élaborée dedans.

Cette montre reprend donc les dimensions des Superman vintage. Comparer les autres Superman à celle-ci revient à comparer avec les vintages.

L’épaisseur annoncée par Yema est de 10,5mm alors que je mesure 10,75mm. Dans les faits, je mesure 10,5mm au niveau du crantage de la lunette mais je vois que le profil de la lunette est légèrement arrondi faisant surmonter légèrement l’insert par rapport au crantage.

J’ai dû reprendre mes mesures de nombreuses fois car la Superman Héritage que j’ai en test n’est pas symétrique. Je mesure 48mm de longueur côté gauche mais 47,5mm de côté droit. Le genre de surprises qu’on peut avoir lorsque la production est aussi éloignée. Il est alors difficile de pouvoir corriger les problèmes en temps réel.

Le prix de la version avec verre saphir et bracelet acier était de 1099 euros à sa sortie.

Question à Christopher BOLE : Est-ce que c’est le même fabricant de boitier que la Superman 2017 ? la montée en gamme a-t-elle induit un changement dans le fournisseur de boitier ?

Réponse : C’était un fournisseur de boîte différent il a réussi à faire la boîte qui rentrait dans ce qu’on attendait après 3 prototypes

Question : Et pourquoi avoir choisi la 530016 comme base, parce que c’est une des Superman les moins épaisses ?

Réponse : Non pas forcément et de toute façon la boîte est déterminée souvent par le mouvement et pas que l’épaisseur du mouvement mais aussi la position de la tige par exemple sur le CMM.10 le positionnement est très haut

7 – la Superman 500

A l’œil la Superman 500 parait exactement identique à la Superman Héritage. Elle est en fait légèrement plus épaisse (0,5mm) et les protège couronne sont légèrement différents (voir photo). Toutefois, les codes des modèles vintages sont toujours strictement préservés.

On reconnait la Superman 500 à gauche par les protège-couronne plus épais mais sinon, il n’y a pas grande différence.

En 2022, Yema prend un brutal virage de relocalisation et choisit de se fournir dans les environs de Besançon, dans un rayon de 72km pour être précis. Et c’est Werthanor, au Locle en SUISSE, qui produit désormais les boitiers de la marque. Et quand on voit que le boitier de la Superman Héritage n’est pas symétrique, heureusement que ce choix a été fait. Les fournisseurs européens sont quand même plus fiables.

Le boitier est toujours en finition polie mais cette fois le bracelet d’origine est l’écailles de serpent (scales) qui reprend ce qui existait sur la Superman vintage 1963. L’identité visuelle est encore affirmée.

L’étanchéité d’une montre dépend de deux facteurs principaux : la résistance des matériaux (notamment le verre et le fond par leur épaisseur) mais aussi de l’ajustement des pièces. La moindre variation dans l’usinage peut empêcher les joints d’assurer un parfait contact entre les pièces métalliques. Werthanor, qui est en mesure d’assurer des marges d’erreur réduites, permet à la Superman de résister à la pression de 50 bars soit de 500 mètres de profondeur.

Son prix était de 1190 euros sur bracelet acier à sa sortie.

Question à Christopher BOLE : Était-ce une volonté de votre part d’aller à 500 ou c’est Werthanor qui vous a fait cette suggestion ?

Réponse : C’était une volonté de notre part. A noter que les 500 mètres sont aussi atteints grâce à un fond plus épais et un verre plus épais. (D’où le demi millimètre (0,7mm exactement) de plus sur le fond)

Question : Quand, en 2022, tu prends les rênes du groupe AMBRE et que la même année il y a une relocalisation des fournisseurs. Est bien juste que c’est ta volonté ?

Réponse : J’ai intégré le groupe en 2017, en 2022 je pense c’était juste une nomination à la direction d’une des filiales mais sur le groupe Ambre je suis directeur depuis 2017 je crois

Pour les fournisseurs, nous avons toujours voulu relocaliser, que ce soit moi, mon père, William ou Anibal, mais nous avons dû avancer progressivement. Nous continuons dans cette direction, mais la Chine reste incontournable en horlogerie. Je connais peu de marques qui peuvent s’en passer, à part AP, Rolex, Patek et RM

C’était un peu un rêve quand je suis arrivé dans l’entreprise vouloir faire de la belle mécanique et de la belle montre. C’est une passion.

8 – la Superman CMM.10 acier « Gilt »

Le beau cadran champagne n’est pas pris en compte dans les lignes qui suivent.

La principale différence du boitier de la Gilt avec les précédentes Superman est sa longueur. Un millimètre de moins est bienvenu par rapport à la 500 mais l’épaisseur du fond saphir vient tout de même suspendre les cornes dans le vide. Au porté, ce millimètre se ressent clairement.

L’écart entre le boitier et le bracelet (autre que métal) n’est pas amélioré non plus puisque la position des perçages est la même (les deux demi-millimètres gagnés le sont sur la partie de la corne après le perçage)

En 2024 Yema revendique légitimement son statut de manufacture et conçoit un mouvement 3 aiguilles en interne, le CMM.10. La Superman qui le reçoit (la Gilt notamment) voit son boitier évoluer et s’adapter.

L’évolution c’est d’abord des chanfreins sur les angles qui sont du plus bel effet, l’insert de lunette en saphir, le crantage de la couronne qui s’améliore, mais aussi et surtout des cornes plus courtes.

A gauche il s’agit de la Superman 500 et à droite de la Superman CMM.10 Gilt.

On avance enfin mais sans résoudre l’inconvénient des cornes « volantes ». Même si l’espace entre celles-ci et le poignet n’est pas réduit en hauteur, les cornes ont l’important avantage de ne plus dépasser vers l’extérieur pour les plus petits poignets.

Toutefois le boitier s’adapte aussi et prend de l’épaisseur à cause du fond en saphir (dont une épaisseur minimum est requise pour résister à 300m). Et oui, ce mouvement mérite d’être montré. De plus, comme Christopher Bole l’a dit, le positionnement de la tige est assez haut sur le CMM.10 ce qui, visuellement, accentue l’effet « bombé » du cul.

Son prix est de 1790 euros, actuellement au catalogue.

Question à Christopher BOLE : Pour la Gilt, son boitier (avec chanfreins et un peu plus court) est-il celui qui va rester distinctif de la CMM10 acier ? Va-t-il être décliné en bronze (la première CMM10 bronze avait un boitier de 48mm de longueur) ?

Réponse : Je ne sais pas trop tôt à dire

9 – la Superman CMM.20 « Slim »

Pas de révolution vue de face, il s’agit bien d’une Superman et pas d’une nouvelle Superman 3.

Une multitude d’ajustements amène à une mesure caractéristique de cette nouvelle ergonomie : le perçage des cornes n’est plus qu’à 2mm du plan (et le point le plus bas de la corne n’est qu’à 0,75mm). Les cornes ne sont plus « volantes » et gagnent enfin la terre ferme le poignet du porteur.

Vu sous cet angle et comparé à la Superman 500 à droite, la différence des cornes est évidente.

Cette montre est à la fois un accomplissement et un commencement. Elle est le fruit de l’expérience du groupe AMBRE pour en faire une Superman élégante, belle et agréable, mais aussi la montre où les codes de l’icône originelle sont enfin bousculés.

Merci au mouvement micro-rotor CMM.20. Le principe du micro-rotor est justement de gagner en épaisseur de mouvement puisque la masse oscillante n’est plus une couche rajoutée derrière le calibre. Le mouvement est tellement fin qu’il permet d’avoir un fond saphir (et donc une surépaisseur par rapport à un fond plein en acier voire en titane) tout en étant la Superman la plus fine de l’histoire des Superman.

La boite est entièrement revue, lunette saphir, chanfreins, couronne améliorée, mais c’est essentiellement au niveau des cornes : elles sont courbées et arrivent pratiquement à la hauteur du fond de boite. La montre épouse le poignet naturellement, c’est une vraie révolution par rapport aux autres Superman.

En plus, l’entrecorne est élargie à 20mm pour la même boucle déployante. Le bracelet scales est donc encore plus en entonnoir. Cela s’ajoute encore à l’élégance apportée par les chanfreins et la finesse de la boite.

La superman Slim est à gauche pour comparer le bracelet qui se rétréci à la boucle mais aussi l’épaisseur sur le poignet.

Le prix de cette Superman (toujours au catalogue) est de 2490 euros.

Question à Christopher BOLE : Est-elle destinée à entrer dans la gamme de manière pérenne ?

Réponse : Avoir une Superman en micro rotor en catalogue c’est assez unique dans le domaine des plongeuses donc oui on va la continuer

Question : C’est la Superman la plus audacieuse, avec son entrecorne de 20mm et ses cornes courbées. C’est sur celle-là en particulier que vous vous accordez plus de liberté de conception par rapport à la Superman historique ?

Réponse : Oui ça aide bcp ce mouvement qui peut être considérer un peu comme un ovni dans une plongeuse ça offre une liberté comme ça a été fait sur la navy slim

Et en bonus, pour ceux qui comme moi trouvent que la boucle déployante n’est plus à la hauteur de l’élégance et des finitions de cette montre, sachez qu’elle va évoluer en 2025 !

Autre chose que j’aimerais voir apparaitre sur cette élégante Superman est une couronne au logo bien aligné verticalement. Ce n’est pas courant sur une couronne vissée dans toute l’horlogerie et pourtant c’est disgracieux. Il faudrait évidemment résoudre quelques contraintes, notamment de pouvoir graver le logo après le montage final (gravure laser ?).

Ce serait quand même mieux comme ça non ?

10 – Mon avis personnel

La superman CMM.20 Slim sort vraiment du lot et propose une vraie avancée sur le boitier de la superman. Les cornes « volantes » ne le sont plus. Est-ce alors une dénaturation de l’icône « Superman » ? Non car d’aspect la montre reste une Superman au premier coup d’œil.

Il reste toujours le bloque lunette notamment. A noter que la Skin Diver Slim CMM.20 a l’inscription « Superman » sur le cadran alors qu’elle n’a pas le bloque lunette (ni les avancées de part et d’autre de la couronne). Ce n’est que mon avis mais le terme « Superman » est un peu galvaudé sur la Skin Diver, mais sûrement pas sur la Superman Slim !

La Slim apporte une réelle avancée des finitions sur le boitier. La nouvelle Superman CMM.10 Gilt profite du même traitement des angles (chanfrein) et finitions. Qualitativement, ces nouvelles montres de la gamme manufacture tiennent leurs promesses. La CMM.10 Gilt bouscule beaucoup moins les codes. Les cornes plus courtes sont bienvenues au poignet mais elles sont toujours assez hautes et le perçage est au même endroit. Ainsi les bracelets des autres Superman en 19mm sont encore compatibles avec la Superman CMM.10 Gilt. A mon sens la Gilt est une avancée mais ne va pas assez loin, la faute à une épaisseur trop importante à cause du fond saphir. Superman a besoin d’atterrir sur le poignet. Le millimètre en moins de Superman CMM.10 acier n’est pas suffisant pour changer l’expérience Superman comme le fait la CMM.20 Slim.

Les prix ont évolués, 749 euros en 2017, la montée en gamme des Superman Héritage explique aisément le prix supérieur ( 1099 euros) l’année suivante. La Superman 500 ne prend que 91 euros de plus (1190 euros) alors qu’elle est produite localement. Ce prix est une prouesse.

Avec la gamme « manufacture », difficile de comparer les prix. 1790 euros pour la CMM.10 Gilt, l’écart est conséquent, mais les prestations aussi. Acheter une Superman CMM.10 c’est avant tout rentrer dans la gamme manufacture qui associe des finitions jamais vues sur des Superman. La version CMM.20, micro-rotor, est encore plus chère (2490 euros). Le mouvement lui-même déjà est plus cher, mais en plus il implique un boitier spécifique. Elle n’est plus comparable à ses aînées mais joue dans la cour des plongeuses de luxe suisses d’au moins 2 fois le prix, et de ce point de vue, elle n’est pas si chère que ça.  

Difficile de revenir aux Superman Héritage et 500 lorsqu’on a une Superman Slim à disposition. Ce sont des montres (Héritage et 500) qui marquent l’histoire de Yema et c’est comme ça que je les apprécie. Comme si elles n’étaient déjà plus dans la catégorie des « modernes ». Leurs boitiers sont très proches mais force est de constater une amélioration de la qualité sur la 500. La Superman Héritage que j’ai en test n’a pas les cornes de la même longueur à gauche et à droite. Visuellement ça ne se voit pas sans regarder dans le détail mais tout de même. Yema a fait un choix pérenne en relocalisant la production. Ce type de défaut ne devrait plus passer.

Les bracelets aussi ont fait de grandes avancées sur le chemin de l’élégance (chemin que les boitiers ont pris). La boucle devient plus étroite que l’entrecorne et ça apporte un équilibre visuel bien plus harmonieux. Il reste toutefois à améliorer cette boucle déployante. La Superman Slim n’a jamais été aussi proche d’être à la hauteur des grandes plongeuses Suisses. J’ai vraiment apprécié porter cette Slim comme on porte une Submariner. La montre classe de tous les jours. La simplicité du cadran (et de la trotteuse notamment) ainsi que la lunette moins chargée laissent le parfait design du boitier donner tout l’aura de la montre grâce à la finesse et l’unicité apportée par le microrotor. J’ai eu un réel coup de cœur.

Le bloque lunette va certainement évoluer aussi mais je ne sais pas encore dans quelle mesure. La Superman Slim actuelle avec ce bloque lunette classique sera peut-être une montre très recherchée à l’avenir.

Je voudrais remercier Yema pour le prêt des 4 Superman, Héritage, 500, Gilt et Slim mais aussi Thibault Boiteux pour le prêt de sa Superman 2017. Merci à Christopher Bole d’avoir répondu à mes questions.

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Ryo Saeba

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